8 septembre 2024

Radio Ngoma ya Amani

Votre tam-tam de la Paix

Deux ans après l’occupation de Bunagana par les M23, Kinshasa privilégie l’option militaire

La cité stratégique de Bunagana dans la province du Nord-Kivu venait de totaliser deux ans, jour pour jour, depuis qu’elle était tombée entre les mains des rebelles du M23 le 13 juin 2022. Elle est devenue, depuis lors, la plus grande base militaire de ces rebelles, en leur facilitant de se déployer vers d’autres villages qu’ils occupent actuellement dans les territoires de Rutshuru et Masisi au Nord-Kivu, mais aussi comme voie de ravitaillement en munitions de guerre du fait qu’elle est frontalière avec l’Ouganda, un autre pays soupçonné d’appuyer ce mouvement rebelle aux côtés du Rwanda. Drôle de coïncidence, ce deuxième anniversaire d’occupation correspondait ce jeudi 13 juin à la passation de pouvoir à Kinshasa entre l’ancien Ministre de La Défense Jean-Pierre Bemba Gombo et le nouveau Ministre Guy Kabombo Muadiamvita.

Prenant ses fonctions, le nouveau Vice-Premier Ministre et Ministre de la Défense a exprimé son indignation face à l’« humiliation subie par le pays » tout en soulignant les défis majeurs à relever dans son agenda à la tête de ce Ministère, notamment la reconquête des territoires occupés, le rétablissement de l’autorité de l’État et le retour des populations déplacées.

Patrick Nguka, un défenseur des droits humains du Territoire de Rutshuru au sein de l’ONG Badilika, déplore cette situation d’inefficacité gouvernementale face au phénomène M23. « Nous devons retenir les deux ans d’occupation de Bunagana comme d’abord, l’inefficacité à mettre fin au phénomène du M23. La mission de l’EAC a fermé sans trouver une solution à l’avancée de cette rébellion. L’inefficacité (du régime spécial) de l’état de siège, dans le sens de donner la solution aux maux qui rongent la région de Rutshuru, de Masisi et celle de Beni », a indiqué Patrick Nguka.

Les forces de l’EAC, organisation sous-régionale à laquelle venait d’adhérer récemment la RDC, n’ont pas eu gain de cause pour mater la rébellion du M23 et ont vite été demandées de sortir du sol congolais par le gouvernement de Kinshasa pour laisser place aux troupes de la SADC (SAMIRDC). Malgré les efforts de l’armée congolaise (FARDC), Bunagana et plusieurs autres localités sont restés aux mains des rebelles du M23.

Compte tenu de la non avancée du processus de paix du point de vue diplomatique, Kinshasa a désormais levé l’option militaire pour traquer les M23, avec pour objectif prioritaire de libérer la route nationale n°2.