Au moins 129 personnes sont mortes lors d’une tentative d’évasion dans la plus grande prison de la République démocratique du Congo, ont annoncé mardi les autorités du pays. Il s’agit du dernier bouleversement en date à avoir frappé un centre de détention surpeuplé, connu pour ses conditions que les groupes de défense des droits humains ont longtemps qualifiées d’inhumaines.
Les détenus ont déclaré qu’ils avaient été détenus dans des cellules étouffantes, sans eau ni électricité, et que certains s’étaient d’abord évadés pour échapper à la chaleur.
La plupart des décès ont été causés par une bousculade, mais au moins 24 détenus ont été tués par balle alors qu’ils tentaient de s’échapper de la prison centrale de Makala tôt lundi 02 septembre, selon le ministre congolais de l’Intérieur, Jacquemain Shabani.
Il a indiqué sur la plateforme X que 59 personnes avaient été blessées et qu’il y avait eu « quelques cas de femmes violées », sans donner plus de détails. Mardi soir, on ne savait pas si des détenus s’étaient évadés.
Makala est la seule prison de Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo et l’une des villes les plus peuplées d’Afrique. Sa capacité prévue est de 1 500 personnes, mais elle en accueille au moins 15 000, a déclaré le vice-Ministre congolais de la Justice, Samuel Mbemba, dans une interview.
Les violences se sont produites alors que le président congolais Félix Tshisekedi se trouvait à Pékin pour un forum sur la coopération sino-africaine, et s’ajoutent aux défis auxquels est confronté ce pays d’Afrique centrale. Abritant plus de 100 millions d’habitants, la RD Congo est aux prises avec de multiples crises, notamment une épidémie mortelle de Mpox et un conflit dans sa région orientale qui a tué plus de six millions de personnes et déplacé des millions d’autres au cours des trois dernières décennies.
Avec des températures extérieures proches de 90 degrés, les détenus étaient privés d’eau courante ni d’électricité pour alimenter les ventilateurs depuis plus d’un jour et demi, selon quatre détenus qui ont parlé sous couvert d’anonymat pour protéger leur sécurité à l’intérieur de la prison.
Beaucoup avaient l’impression d’étouffer, a déclaré l’un d’entre eux, et dimanche soir, certains ont cassé les portes de leur cellule pour sortir.
Un responsable des renseignements congolais, s’exprimant sous couvert d’anonymat car il n’était pas autorisé à discuter publiquement des événements, a déclaré que les gardiens avaient ouvert le feu tôt lundi matin lorsque des détenus tentaient de s’échapper de l’enceinte de la prison.
Stanis Bujakera Tshiamala, un journaliste congolais bien connu qui a purgé une peine à Makala l’année dernière mais a depuis été libéré, a partagé une vidéo montrant une scène chaotique, avec des détenus courant dehors alors que des coups de feu retentissaient autour d’eux. Dans une autre vidéo qu’il a partagée et filmée de nuit, plusieurs détenus se tiennent autour de ce qui semble être un cadavre dans l’enceinte de la prison.
Plusieurs vidéos vérifiées par plusieurs sources dont la Radio Ngoma ya Amani comme ayant été filmées à l’intérieur du complexe pénitentiaire montraient les conséquences de la tentative d’évasion.
Dans une vidéo très graphique, une foule nombreuse se tient autour d’au moins 25 corps sans vie alignés dans une ruelle centrale entre les blocs de prison. Les corps ont été chargés dans un camion et chassés du terrain dans une autre vidéo filmée dans le périmètre Est du complexe pénitentiaire, tandis qu’une troisième vidéo montrait une épaisse fumée noire s’échappant d’un bâtiment proche de l’entrée de la prison.
Le Ministre de l’intérieur et sécurité Jacquemin Shabani, a déclaré que les détenus décédés des suites de blessures par balle avaient été abattus « après sommation ». Le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, voyageait avec M. Tshisekedi à Pékin et n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires mardi. On ne sait pas exactement ce qui est arrivé à l’eau et à l’électricité de la prison.
Les groupes de défense des droits humains dénoncent depuis longtemps les horribles conditions de détention à la prison de Makala, un établissement construit en 1957, avant l’indépendance de la RD Congo de la Belgique, et qui a fait l’objet de peu de rénovations depuis. Sa population s’étend des personnes reconnues coupables de délits mineurs aux prisonniers politiques et de haut niveau.
L’année dernière, plus de 500 détenus sont morts d’étouffement et de diverses maladies, selon Emmanuel Adu Cole, un défenseur des droits humains basé à Kinshasa. Lui et un détenu ont déclaré que mardi, il n’y avait toujours pas d’eau courante ni rien à manger, car un dépôt de nourriture avait brûlé.
Des vidéos non datées partagées plus tôt par M. Bujakera, le journaliste congolais, montrent des détenus hagards entassés dans des salles de détention et des toilettes, incapables de s’asseoir ou de s’allonger correctement.
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