L’histoire politique de la République Démocratique du Congo venait de connaître un nouveau chapitre, celui de la nomination d’une femme comme Cheffe du Gouvernement.
Après une attente de plus de trois mois à l’issue des élections du 20 décembre 2023 qualifiées de très chaotiques par plus d’un, le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a nommé Madame Judith Suminwa Tuluka comme Cheffe du Gouvernement. C’est une première dans l’histoire de ce pays qu’une femme soit à la tête du Gouvernement.
Pour beaucoup de congolais, surtout les femmes, c’est un honneur que le Chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi a placé dans la masculinité positive.
« Pour nous, c’est un « ouf » de soulagement comme femmes. Elle qui est mère, elle qui est femme au foyer, elle connait les difficultés que la femme de l’Est traverse. La femme et la fille de l’Est sont violentées, la femme de l’Est est toujours marginalisée. Nous pensons vraiment qu’en tant que mère, qu’en tant que femme, elle aura un œil regardant à l’Est. Les messages que nous pouvons lui lancer, c’est d’abord de la féliciter et de lui demander de travailler, de prouver son leadership. Vu ce qu’elle a rendu comme services dans le pays, dans les différents ministères, dans les différentes structures, c’est pour cela que nous la félicitons. Nous lui demandons de travailler d’arrache-pied, de collaborer pour le développement du pays, de travailler pour la sécurité de notre pays, surtout la partie Est où nous subissons beaucoup d’agressions ».
« Je sais que la tâche est grande, les défis sont immenses, mais ensemble (…) on y arrivera », a déclaré juste après sa nomination la nouvelle Première ministre au micro de votre rédaction.
Pour certains acteurs politiques, surtout ceux de l’opposition, le CV de la première Ministre nommée n’est pas politiquement costaud pour bien l’armer à faire face aux gros et sérieux défis politiques, sécuritaires et sociaux du pays en ce moment difficile où la RDC traverse différentes et fréquentes déstabilisations politiques et sécuritaires. « Comment quelqu’un qui a échoué au Ministère du plan peut-elle réussir à la primature ? », s’est exclamé Etienne Amisi M., Communicateur du parti politique LGD (Leadership et Gouvernance pour le Développement) au Sud-Kivu. Et d’ajouter: « La RDC n’a pas besoin d’une caisse de résonance à la solde de son Président ».
Cette nomination marque l’histoire en portant pour la toute première fois le choix sur une femme en signe de couronnement des combats de la femme congolaise et de rupture autour des préjugés négatifs sur la capacité des femmes à accéder à de hautes fonctions politiques.
« C’est un message fort qu’a voulu adresser le Président à son peuple, selon Giscard Kusema, Directeur adjoint de la communication à la présidence, au micro de votre rédaction ». Mais Pour Félix Tshisekedi, c’était aussi un moyen de s’affranchir des pressions des partis. « Le président de la République a voulu, en premier, se défaire des pesanteurs politiques des chefs des partis. En regardant de près le profil de madame Judith Suminwa, on se rend compte qu’elle est, certes, une militante de la première heure de l’UDPS, son parti, mais elle n’est pas cheffe d’un parti ou cheffe d’un regroupement politique ; elle n’était pas non plus candidate aux dernières élections. Et donc, sans calculs politiques, elle est, a priori, prédisposée à se concentrer sur son travail comme cheffe du gouvernement », a ajouté Giscard Kusema.
Plusieurs défis attendent la Première Ministre dans un contexte où le pays est en guerre dans sa partie orientale, où la monnaie congolaise connaît une fluctuation face aux devises étrangères dont le dollar américain et où la vie des congolais devient de plus en plus intenable à cause de la non-maîtrise du cadre macro-économique.
Votre tam-tam de la Paix
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