Alors que la campagne présidentielle américaine entre dans sa dernière ligne droite et que les enjeux de cette élection apparaissent chaque jour plus déterminants, il en est un dont on parle trop peu : celui de l’avenir des institutions démocratiques américaines. Une fois passée la frayeur de l’assaut du Capitole en janvier 2021, on a beaucoup lu ou entendu que « les institutions américaines ont tenu ». Est-ce si sûr ? En réalité, depuis son accession à la présidence en 2017, aucun des garde-fous institutionnels qui auraient dû rendre Donald Trump comptable de ses actions n’a fonctionné.
En déclarant le 1er juillet dernier que le président des États-Unis est « absolument immunisé » pour tout acte relevant du cœur de ses pouvoirs constitutionnels, la Cour suprême a non seulement rendu une décision taillée sur mesure pour le candidat républicain empêtré dans quatre procès, mais créé un dangereux précédent en conférant des pouvoirs exorbitants à l’exécutif. Si Trump était réélu, rien de ce qu’il menace aujourd’hui de faire ne lui serait interdit, au risque d’entraîner le pays dans une dérive illibérale comparable à celle de la Hongrie.
Le libéralisme politique a fait du droit le principal garant de la démocratie. Et il est vrai qu’il n’y a pas de démocratie moderne sans respect de l’égalité des droits, auquel doivent veiller les juges. Mais ce qui se passe aux États-Unis rappelle que les cours sont des institutions humaines et faillibles, qu’elles sont corruptibles et peuvent même organiser la fin de l’État de droit qu’il leur appartenait de garantir. Face à la tentation autoritaire, aucun garde-fou constitutionnel ne remplacera la mobilisation civique. Il faut espérer que la société américaine y est prête.
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