Le projet de rapprochement des médias de service public est de retour en France, cette fois sous la houlette de Rachida Dati, Ministre de la Culture, en vue d’une fusion devant intervenir au 1er janvier 2026. Les syndicats des entreprises concernées (France télévisions, Radio France et l’Institut national de l’audiovisuel), qui y sont fermement opposés, ont maintenu leur appel à la grève alors que l’examen du texte en première lecture à l’Assemblée nationale, initialement prévu cette semaine, a été reporté au mois de juin.
Il y a de multiples objections à opposer à l’argument du gouvernement selon lequel les médias de service public, ensemble, seraient « plus forts ». La principale est que ces entreprises sont incontestablement des réussites : elles ont développé en cinquante ans, et à moindre coût, des savoir-faire singuliers, proposent une offre diverse et de qualité, qui trouve son audience. À rebours du mirage des « synergies » qu’offriraient la constitution d’entités gigantesques, la fusion ne pourra qu’abraser cette richesse, sans garantir d’économies pour autant. Et la radio en sera probablement la principale victime, face à une télévision qui exige plus de moyens. Alors même que les productions audio rencontrent un succès croissant, dans un monde saturé d’écrans.
« La précipitation avec laquelle ce projet est remis sur le métier paraît surtout à contretemps : dans une économie médiatique bouleversée par le numérique et les plateformes, et alors que l’argent privé afflue pour mettre des rédactions entières au service des idées d’extrême droite, une telle réforme, qui accroît la dépendance du service public de l’information au pouvoir politique, pourrait se révéler particulièrement dangereuse », estiment les syndicats des entreprises audiovisuelles publiques de France. Loin de la véritable ambition régulatrice dont l’économie des médias a besoin.
Les antennes de Radio France demeurent toujours très perturbées et les émissions habituelles remplacées par de la musique. Selon la direction, le taux de grévistes s’élevait à 33% pour l’ensemble des salariés, contre 55% chez les journalistes. Le journal de 20h de France 2 de ce vendredi 24 mai a, quant à lui, été réalisé « dans des conditions particulières », a indiqué sa présentatrice Anne-Sophie Lapix.
Le député du camp présidentiel (Renaissance) et ancien Ministre, Clément Beaune, estime sur Sud Radio qu’« il ne faut pas […] inclure » France Médias Monde (RFI, France 24 et MCD) « dans cet audiovisuel rassemblé ».
« Votre grève très forte aujourd’hui fait déjà bouger les lignes, puisque l’agenda parlementaire a miraculeusement été décalé d’un mois », a lancé la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, venue « apporter le soutien » de son syndicat.
La grève des médias audiovisuels publics se poursuit en France, mais plusieurs voix appellent au dialogue social.
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