16 septembre 2024

Radio Ngoma ya Amani

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De Kinshasa La belle à Kinshasa la poubelle

La ville de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, est devenue de plus en plus sale. Alors que jadis connue sous le qualificatif de Kinshasa La belle à cause de sa beauté et de sa propreté, aujourd’hui cette mégalopole de plus de 15 millions d’habitants devient de plus en plus plus qu’une poubelle avec des ordures et des déchets partout.

La ville produit quelque 7800 tonnes de déchets solides par jour, selon une étude publiée en 2023 dans le journal scientifique Heliyon. 

Les autorités, institutions internationales et diverses organisations ont déjà lancé des projets pour tenter de venir à bout du problème, mais en vain. D’autres sont en gestation. 

Mais la plupart des initiatives ont eu jusqu’à présent une durée de vie limitée et il n’existe toujours pas de système centralisé de collecte et de traitement des déchets. 

Les ordures s’accumulent dans les rivières, les rues et tous les coins de la ville bordant le fleuve Congo. Depuis des années déjà, la capitale congolaise a perdu son nom de « Kin la belle » au profit d’un moins reluisant « Kin la poubelle ». 

« C’est dégueulasse, c’est pas bon. N’importe qui vient ici et jette ses ordures », déplore Roger Odiekila, un habitant de Kintambo, dans le nord-ouest de la ville, rencontré près d’une décharge puante et fumante, au bord d’une rivière.  

« Là où les gens jettent, vous jetez aussi, parce qu’il n’y a pas d’endroit », déclare aussi, fataliste, Gabriel Shoko, moto-taxi de son métier. « Nous jetons toujours dans la rue », dit-il, ou dans les cours d’eau. 

Un autre Kinois, Bobo Kabemba, footballeur, est dépité en regardant la rivière Gombe jonchée de milliers de bouteilles en plastique. « Dans mon enfance, elle n’était pas dans cet état », déclare le jeune homme. 

Malgré les efforts fournis dans le cadre du projet « Kin bopeto » (Kinshasa propre), lancé en 2019 par le président Félix Tshisekedi, quelques mois après son arrivée au pouvoir, la situation reste inchangée.  Même les services de ce projet sensé rendre la ville propre, déversent également les ordures dans les décharges sauvages.

De 2008 à 2015, l’Union européenne a injecté un million de dollars par mois pour l’évacuation des poubelles dans neuf communes de la capitale.  

Une décharge avait alors été créée dans l’Est de Kinshasa pour recevoir et traiter les déchets. Mais ce projet ayant pris fin, la décharge est maintenant fermée, selon les riverains. 

« C’est devenu une poubelle ici… », déplore Blanchard Kipiomo, 24 ans, qui habite à côté du site. « Cela fait déjà un moment que ces déchets traînent ici, dégageant une mauvaise odeur qu’on respire », raconte-t-il. 

Contactée, la délégation de l’UE à Kinshasa n’a pas donné plus de détails sur ce programme et ses suites. 

Admettant qu’il n’existe pas dans la capitale « de décharge finale, de centre d’enfouissement », le nouveau gouverneur de Kinshasa, Daniel Bumba, a annoncé le 11 juillet une nouvelle campagne ambitieuse pour la salubrité de la ville. « Nous allons lancer dans les jours qui viennent une grande opération “coup de poing” pour balayer, nettoyer Kinshasa », a-t-il déclaré. 

Les Kinois (habitants de Kinshasa) saluent cette volonté affichée du nouveau Gouverneur de la ville-province de Kinshasa Daniel Bumba, mais craignent que cela ne soit juste un feu de paille. « Le coup de poing, c’est bien, disent-ils, mais après, il faut continuer ».