18 octobre 2024

Radio Ngoma ya Amani

Votre tam-tam de la Paix

État et guerre religieuse, violences en chaîne au Moyen-Orient.

En exhortant les Libanais à se « libérer » du Hezbollah, faute de quoi ils connaîtraient « des destructions et des souffrances comme à Gaza », le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahou monte encore d’un cran dans la démonstration de force à laquelle il se livre depuis un an, en réponse au traumatisme et à la déroute sécuritaire que représenta le 7 octobre. Mais il témoigne aussi, une fois encore, des apories de la réponse militaire face à un pouvoir milicien multiforme.

En prétendant vaincre militairement un adversaire par définition insaisissable, en faisant des victimes civiles toujours plus nombreuses et en répondant au fanatisme religieux par un manichéisme civilisationnel qui désigne l’Iran comme ennemi existentiel, Israël a réenclenché un cycle de violences dont il ne pourra sortir vainqueur. Plus que tout autre État, il devrait pourtant savoir que le seul rapport de force ne garantit pas la sécurité, encore moins la paix : l’enchaînement des attentats et des représailles conduit immanquablement les sociétés qu’il met aux prises dans une impasse. 

À l’échelle régionale, le concept même d’équilibre des puissances, cher à la diplomatie, ne signifie plus rien. Tandis qu’Israël affirme sa supériorité militaire, l’État libanais s’enfonce toujours plus profondément dans une crise généralisée et la Syrie n’est plus que l’ombre d’elle-même, après une guerre civile dont elle n’est toujours pas sortie. Comment un avenir politique pourrait-il s’ouvrir dans de telles conditions ? Ce n’est pas d’une « victoire » définitive d’Israël sur le Hamas ou le Hezbollah qu’il faut attendre quelque espoir, mais de la reprise d’un dialogue où s’impliquent des tiers – les États arabes, les États-Unis, l’Europe – co-responsables du devenir d’une région qui importe à tous. 

Si les violences de l’armée israélienne contre les civils à Gaza ne sont pas inédites, le fait qu’elles soient commises par une démocratie normalise la façon de faire la guerre des autocrates et rappelle que la lutte contre le terrorisme peut-être un piège où se perd le respect de la dignité humaine.