Le président kényan, William Ruto, a annoncé, ce samedi 25 mai, que l’opération internationale menée par son pays en Haïti débuterait dans trois semaines et serait musclée. Le Kenya et les autres pays qui se déploieront en Haïti auront pour objectif de « sécuriser ce pays et de briser les gangs et les criminels qui ont infligé des souffrances indicibles à ce pays », a déclaré William Ruto sur le micro de la BBC.
Le président du Kenya a affirmé que des hauts gradés étaient déjà arrivés en Haïti en mission de reconnaissance. Il a également annoncé que la construction conjointe avec les Etats-Unis d’une base destinée à accueillir les soldats de la force et leurs équipements, avait été finalisée « à 70 % ». La mission, soutenue par l’ONU, compte sur le soutien logistique très important des Etats-Unis – qui ne fournissent toutefois pas d’hommes, et elle doit épauler la police haïtienne dans la lutte contre les gangs qui terrorisent la population et contrôlent en grande partie de la capitale Port-au-Prince. En effet, depuis février, Haïti est en proie à un déchaînement de violences, alors que différents gangs concurrents ont décidé de se rassembler, parvenant faire démissionner le Premier Ministre Ariel Henry. Selon les Nations unies, plus de 2 500 personnes ont été tuées ou blessées au cours des trois premiers mois de l’année 2024.
Ces derniers jours, la fréquence des attaques a diminué en Haïti, ce qui pourrait signifier que les gangs se préservent en vue d’une attaque « assez impressionnante contre la force multinationale telle qu’annoncée par le Président Kenyan William Ruto« , estime Diego Da Rin, expert d’Haïti pour le centre de recherche International Crisis Group qui s’est entretenu avec l’AFP.
Ils peuvent aussi être simplement à court de munitions, ou alors suivre une « stratégie un peu double » selon laquelle ils continuent les attaques, mais ne dépassent pas « certaines lignes rouges, par exemple l’occupation du palais présidentiel, pour laisser la possibilité de négocier avec les autorités haïtiennes ». Il semblerait que les gangs soient dans l’attente de voir à quoi va ressembler cette mission. D’une part, on voit qu’il y a une certaine retenue dans les attaques, mais il y a quand même des assauts assez spectaculaires », comme celui qui a récemment visé une prison, a encore dit à l’AFP M. Da Rin.
Le Kenya a donc la lourde tâche, sous la supervision des Etats-Unis, de mener à bien cette mission internationale. Haïti n’est pas le seul pays en crise où intervient le pays africain : le président William Ruto a mentionné « 15 missions différentes dans le monde » dans lesquelles son pays est impliqué, y compris dans la Somalie voisine.
La Maison Blanche a désigné jeudi le Kenya comme « un allié non-membre de l’Otan », un statut qui élève l’importance de la coopération sécuritaire entre Washington et Nairobi, et permettra à cette dernière de bénéficier des technologies militaires américaines. L’alliance vise également à renforcer les liens diplomatiques entre les deux pays, alors que la Russie et la Chine étendent leur influence sur le continent africain.
En proie à de nombreuses difficultés, Haïti est tristement habituée aux déploiements de forces étrangères : « Au cours de trente dernières années, les Nations Unies ont lancé au moins six missions de maintien de la paix en Haïti. Les soldats internationaux ont rétabli les présidents renversés, les ont libérés et ont aidé à former la police nationale haïtienne. Mais ils ont également laissé un sombre héritage d’exploitation sexuelle, de victimes civiles et de maladies mortelles ».
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