23 novembre 2024

Radio Ngoma ya Amani

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M23 dans l’Est de la RDC : Le gouvernement Congolais doit-il négocier avec la rébellion ?

Les elements de FARDC aux front à Masisi au Nord-Kivu.

En position d’inactivité depuis près d’une décennie dans la province du Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo, la rébellion M23 a repris les armes en 2021. Le nom de la rébellion est tiré de l’accord du 23 mars 2009, signé entre le gouvernement congolais et une précédente rébellion, le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), dont de nombreux membres ont ensuite rejoint le M23.

Vaincus en 2013 dans la province susmentionnée sous l’ère de Joseph Kabila, président honoraire de la RDC, les rebelles du M23 livrent des combats implacables avec l’armée Congolaise. Mais dans leur langage, ces rebelles composés généralement par les anciens militaires Congolais affirment défendre les droits et les intérêts des populations Congolaises à dominante tutsis même s’ils sont accusés de commettre des exactions contre les civils et de bénéficier du soutien de certains pays voisins, notamment le Rwanda et l’Ouganda.

La tension s’est accrue entre la RDC et le Rwanda

Soutenue par l’armée Rwandaise selon Kinshasa et les experts de l’organisation des nations Unies dans double rapport, la rébellion attend d’un dialogue direct avec les autorités Congolaises, pourtant que l’idée n’est pas vue d’un bon œil chez celles-ci, qui attendent en définitive le retrait et le désarmement de la rébellion pour une éventuelle discussion. Pour le président de la République démocratique du Congo, ces rebelles ne représentent que l’armée Rwandaise.

« Les discussions, je les veux mais qu’avec le Rwanda parce que c’est lui mon agresseur. Et je l’ai dit d’ailleurs dans la salle à Addis-Abeba à Paul Kagame (président Rwandais) lui-même disant que c’est vous que je veux avoir de face à moi dans une discussion pour savoir pour vous poser la question de savoir : qu’est-ce que vous voulez à mon pays ? à mon peuple ? Pourquoi vous continuez indéfiniment de tuer mes compatriotes et de piller les ressources naturelles de mon pays, c’est tout ce que je veux comme thème du dialogue, c’est ce que je veux parce que je lui ne dois rien et il me doit rien. Mais il doit simplement m’expliquer pourquoi est-ce qu’il s’acharne à massacrer mes compatriotes de cette manière injustement depuis tant d’années et pourquoi est-ce qu’il continue systématiquement à piller mes ressources minières et autres parce qu’on ne parle pas d’agriculture, notre thé, notre café va aussi au Rwanda », avait déclaré Félix le 22 février dernier lors d’un briefing à la presse à Kinshasa.

En même temps, les rebelles accusent Kinshasa de marcher sur les processus de paix de Nairobi et de Luanda, arguant par des bombes larguées par les militaires Congolais dans des zones qu’ils contrôlent notamment de la cité de Bunagana, située à la frontière avec l’Ouganda et non loin du Rwanda, ayant une grande importance stratégique commerciale et militaire.

Le processus de Nairobi avait appelé à un cessez-le-feu immédiat, au rapatriement des groupes armés étrangers et au respect, par les groupes armés locaux, du nouveau programme de désarmement, démobilisation, redressement communautaire et stabilisation, tandis que, celui du Luanda autorisait le déploiement d’une force régionale dans l’est de la RDC pour débusquer les groupes qui refuseraient le désarmement. Ces processus ont été salués par les superpuissances mondiales dont les États-Unis, la France, la Belgique ou encore là l’Allemagne. Et en dépit de ces voies en plus des déclarations au surnombre de la communauté internationale ; le mouvement du mars 23 semble inébranlable et maintient sa position.

Ayant quasi une vision contradictoire à celle des autorités Congolaises notamment lors de son séjour à Kinshasa en mars 2023, le président Français à propos de l’agression Rwandaise par le truchement du M23, avait souligné au cours d’une conférence de presse conjointe avec son homologue Congolais Félix Tshisekedi que « Ce n’est pas une agression d’une puissance extérieure, ils (M23) sont soutenus par plusieurs puissances extérieures dans une logique de prédation. Ces groupes ont aussi des ressortissants congolais qui sont de votre pays ». À cette même occasion, Emmanuel Macron n’avait pas directement pointé du doigt au Rwanda, mais avait plutôt lancé des messages d’avertissement à Kigali sur son probable soutien aux rebelles. Les Congolais l’accusent de tirer les ficelles de la situation.

Éventuelle discussion entre Kinshasa et le M23 ?

Depuis sa résurgence, le M23 a été impliqué dans de nombreux affrontements avec les forces armées congolaises, qui ont fait des centaines de victimes civiles, provoquant des populations à l’exode à l’extérieur du pays en plus d’une catastrophe humanitaire déplorable, en raison d’une pénurie d’eau potable et de nourriture. Malgré plusieurs tentatives de négociation et d’accords de paix, les combats persistent et la situation reste instable. Les déclarations des puissances mondiales dont la France, la Belgique, la Chine ou encore celle des États-Unis sont jusque-là improductives.

Le M23 représente donc un défi majeur pour la stabilité de l’est de la RDC et pour les efforts de pacification de la région. Son impact sur les populations civiles et sur les relations entre les différents acteurs régionaux en fait un enjeu crucial pour la paix et la sécurité dans cette partie de l’Afrique. Selon certains observateurs, le gouvernement Congolais doit tendre la main aux rebelles pour trouver un terrain d’entente, estimant que cette voie pourrait parvenir à une résolution pacifique, les autres en estiment « dangereux » pour Kinshasa de négocier avec la rébellion estimant que cela pourrait légitimer leur cause et compromettre l’autorité de l’État.

La richesse des ressources est à l’origine de la guerre.

Aujourd’hui, outre les rebelles du M23, il y a une centaine de groupes armés qui se battent de tous les côtés et personne ne sait qui est qui, et pourquoi ils continuent à se battre. Mais pour CHRISTIAN MOLEKA politologue et analyste politique à Kinshasa pense que, les minerais et la richesse des ressources natures de l’est de la RDC sont l’une des causes de la guerre et du chaos dans la région.

« La raison, c’est que pour son malheur, le Kivu est une région extrêmement riche. Dans le sous-sol du Kivu, il y a de l’or, il y a des diamants, il y a de l’étain, il y a surtout du coltan, le coltan. Peut-être que vous ne savez pas ce que c’est, mais c’est très important parce que c’est ça qui sert en particulier à fabriquer nos tablettes et nos téléphones portables. Donc c’est essentiel pour l’économie du monde. Tout le monde veut ses richesses et les seuls qui n’en ont pas et qui sont les victimes de ça, ce sont les populations civiles. Parce qu’il faut savoir que cette succession de guerres a été terriblement meurtrière. Il y a des millions de morts, une horreur dans l’horreur, C’est qu’il y a une arme qui est terriblement utilisée par tous ces groupes armés qui sont les viols de masse. Il y a des centaines de milliers de femmes qui ont été violées, qui sont mutilées à vie ou qui sont mortes parce qu’il faut les humilier. Il faut créer la terreur, il faut que les villages soient complètement déstabilisés. Donc cette malheureuse région qui devrait être tellement riche, elle est remplie de camps de réfugiés avec des gens qui sont déplacés, qui ont parfois été déplacés deux, trois, quatre, cinq fois et qui dorment dans des campements de fortune un peu partout ».

Pourquoi on n’arrive pas à arrêter tout ça ?

Et bien il faut reconnaître que c’est très difficile d’arrêter tout ça parce que toutes les solutions ont été essayées et toutes ont échoué. Il y a des casques bleus de l’ONU qui sont dans cette région depuis 30 ans seulement. L’ONU voit bien qu’ils sont dans une impasse. Ces casques bleus sont souvent très impopulaires et donc l’ONU essaie de se désengager En 2023, il y a des forces d’interposition qui venaient d’Afrique de l’Est, Des soldats kényans, des soldats sud soudanais sont venus aussi, mais ils ont vu qu’il n’y arrivait pas. Il était accusé par la population de pillages, etc. Et eux aussi sont partis en décembre 2023. Maintenant, on parle de force d’interposition qui viendrait de la Communauté des pays d’Afrique australe. Le cône sud de l’Afrique. Mais on ne sait pas quand est ce qu’ils vont arriver.