En RDC, les ONG se trouvent fragilisées par la suspension de l’aide américaine
vendredi 18 avril 2025
Par Joseph Apolo Msambya
La suspension de l’aide américaine par l'administration Trump, annoncée depuis le 20 janvier, bouleverse le tissu associatif congolais, mettant en péril des services essentiels pour la santé, l’éducation et la gouvernance, la résolu des conflits fonciers à travers les médiations, les aides scolaires, l'accompagnement à l'enregistrement des enfants à l'état-civil, etc.
Ce désengagement brutal ne touche pas seulement les ONG locales ou les organisations communautaires de terrain. Les grandes ONG internationales, partenaires historiques de l'USAID, peinent elles aussi à maintenir leurs activités. Première Urgence internationale, présente en RDC depuis 2019, en fait les frais. L'ONG, engagée dans des programmes de santé publique, de lutte contre la malnutrition et les violences basées sur le genre, voit désormais une partie de ses interventions compromises.
« Toutes nos activités n'étaient pas intégralement financées par l'USAID, mais cette aide représentait plus de 30 % de notre budget dans la province du Nord-Kivu. Aujourd'hui, ce sont ces 30 % qui sont gelés, et avec eux, de nombreux projets essentiels à l'équilibre des communautés locales », explique un responsable de Première Urgence internationale.
Face à cette coupure, certaines interventions ont dû être suspendues. D'autres, jugées vitales, ont pu être redéployées grâce à des fonds alternatifs. « Il est inenvisageable d'interrompre la prise en charge de la malnutrition aiguë sévère. Ces enfants sont les plus vulnérables. De même, nous ne pouvons pas cesser les consultations prénatales, notamment pour les femmes enceintes souffrant de complications. Ce sont des soins indispensables à leur survie. C'est précisément au moment où les besoins en financements étaient les plus pressants que des réductions ont été annoncées. «plusieurs partenaires avaient déjà réduit leurs engagements bien avant la décision américaine », observe le chef de mission de Première Urgence internationale. Parmi eux, les gouvernements allemand, britannique et français avaient revu à la baisse leur soutien. Sans aller jusqu'à une suspension totale, nombre de bailleurs ont préféré un désengagement progressif, accentuant la pression sur le terrain.
Les autorités publiques, débordées, peinent à répondre. Et les ONG locales ainsi que les ONG internationales, pieds et poings liés, rappellent à quel point la dépendance à l'aide extérieure peut fragiliser les chaînes de solidarité les plus précieuses.
