Quand le PSG devient une vitrine diplomatique : la colère monte contre Visit Rwanda
mardi 8 avril 2025
Par Joseph Apolo Msambya
Alors que l’actualité française est récemment marquée par les manifestations de la gauche contre la condamnation de Marine Le Pen dans l’affaire dite des « assistants parlementaires des députés européens », une autre mobilisation s’est tenue sur le parvis du Parc des Princes. Elle visait à dénoncer le partenariat entre le Paris Saint-Germain et Visit Rwanda, l’office de tourisme rwandais.
À la tête de cette manifestation : Jordan Madiande, membre de la diaspora congolaise à Paris et fervent supporter du PSG.
Il a choisi un moment symbolique pour son action : le dimanche 6 avril, alors que le PSG célébrait son 13e titre de champion de France. Jordan Madiande, 32 ans, ne sourit pas. Planté face aux loges, il manifeste, pancarte à la main, drapeau de la République démocratique du Congo sur les épaules. Dans sa ligne de mire : le partenariat entre son club de cœur et l’office de tourisme du régime de Paul Kagame. Le logo « Visit Rwanda » est omniprésent : sur les maillots d’entraînement du PSG, sur les manches d’Arsenal ou encore sur les panneaux d’affichage du Bayern Munich. Le tout accompagné d’un storytelling uniforme : gorilles majestueux, collines verdoyantes, promesse d’évasion.
« Aujourd’hui, c’est documenté par l’ONU : le Rwanda soutient activement la milice du M23, une milice qui ravage l’Est de la République démocratique du Congo et laisse derrière elle un lourd passif : massacres, villages incendiés, viols systématiques. Ils utilisent le viol comme arme de guerre », insiste Jordan Madiande, qui dénonce une campagne de communication destinée à masquer une réalité glaçante.
Avant cette manifestation, Jordan avait déjà lancé une pétition sur Change.org, qui a depuis dépassé les 75 000 signatures. Son objectif : pousser le PSG à rompre son partenariat avec Visit Rwanda avant la fin du contrat, estimé à 15 millions d’euros par an et courant jusqu’en décembre 2025. Les soutiens à cette initiative affluent progressivement. Parmi eux, deux représentantes de Change.org.
« Nous sommes venues soutenir cette initiative. C’est la pétition la plus signée de l’histoire de l’Île-de-France ! Nous accompagnons donc Jordan dans sa mobilisation », expliquent-elles, visiblement impressionnées par l’ampleur prise en si peu de temps.
La pétition reçoit également des appuis dans les milieux politiques, avec notamment la présence remarquée de deux députés de La France Insoumise : Aurélien Taché et Carlos Martens Bilongo. En aparté, Aurélien Taché s’adresse sans détour aux dirigeants du club :
« Beaucoup de fans de foot sont choqués par ce partenariat. Écoutez vos supporters. Mettez-y fin. Le football ne peut pas servir d’alibi à la guerre, ni à des crimes de guerre. »
Carlos Martens Bilongo, quant à lui, dénonce une instrumentalisation du sport à des fins diplomatiques :
« Il y a un agresseur, une violation claire de l’intégrité territoriale. Un club comme le PSG ne peut pas devenir la vitrine d’un régime qui utilise le soft power pour blanchir son image. Le Rwanda doit être mis au ban, comme la Russie l’a été », ajoute-t-il.
Partout dans le monde, les voix s’élèvent pour condamner l’agression de la République démocratique du Congo par le Rwanda. Jordan Madiande, déterminé, promet de poursuivre la mobilisation contre ce partenariat : « Ce n’est que le début. »
