Monseigneur Jérôme Gapangwa Nteziryayo appelle les Banyamulenge à reconnaître leur identité rwandaise

lundi 7 avril 2025
Par Joseph Apolo Msambya
Le conflit identitaire est l'un des conflits saillants qui écument l'Est de la République démocratique du Congo depuis plusieurs décennies. Sur les 450 tribus que compte la République démocratique du Congo, la tribu banyamulenge n'y figure pas. Elle n'apparaît non plus nulle part sur la carte ethnographique de la RDC. Pourtant, cette communauté se fait prévaloir de la nationalité congolaise par le fait que la constitution de la deuxième république sous le maréchal Mobutu a prévu la nationalité zaïroise à toute personne dont les descendants se sont retrouvés au Congo lors de son accession à l'indépendance.
Alors que les noms de toutes les 450 tribus de la RDC se caractérisent par leur appartenance à une langue locale (les bashi qui parlent le mashi, les bakongo qui parlent le kikongo, les bafuliiru qui parlent le kifuliiru, les baluba qui parlent le tshiluba, les bangala qui parlent le lingala, les barega qui parlent le kirega, les babembe qui parlent le kibembe, etc.). Or, les banyamulenge parlent le kinyarwanda, une langue n'appartenant pas à la RDC bien qu'il y ait certaines populations d'origine rwandophone au Nord-Kivu.
Face à la falsification de l'histoire sur les origines de ce peuple et ses ambitions expansionnistes des terres congolaises, Monseigneur Jérôme Gapangwa Nteziryayo, lui-même munyamulenge et ancien évêque du diocèse catholique d'Uvira au Sud-Kivu de 1985 à 2002, est sorti de son silence pour faire éclater la vérité en disant à ses frères banyamulenge qu'ils sont rwandais et ils doivent l'admettre. C'était à l'occasion des cérémonies de commémoration du 20ème anniversaire du massacre de Gatumba le 13 août 2024.
« Vous vous posez la question de savoir si vous êtes banyarwanda (rwandais), banyamulenge ou tutsi ? J’ai déjà donné ma réponse, mais certains parmi vous m'ont insulté, et je n’ai pas répondu', a-t-il déclaré devant ses frères dans une salle pleine à craquer à Kigali, s'exprimant en kinyarwanda (possible de suivre son adresse via ce site: https://youtu.be/P-2HoZMW9us?si=mSVAzF7Ydf_EE9wB).
Plusieurs banyamulenge n'ont pas apprécié le discours de Monseigneur Jérôme Gapangwa, y compris de celui de l'Ambassadeur Joseph Mutaboba. Cependant, ce n'est pas le contenu de leurs discours qui a provoqué des remous au sein d'un groupe de Banyamulenge qui se veut radicaliste, mais plutôt l'utilisation du terme 'Banyarwanda ', estimant que ce terme les associerait de manière trop étroite au Rwanda, un lien qui, dans le contexte actuel de tensions politiques et ethniques, peut être mal interprété ou utilisé à des fins de stigmatisation.
'Je vous dis ceci : j’ai été baptisé en 1955 à Baraka en Territoire de Fizi. Dommage, j’ai oublié ma carte de baptême sinon j'allais vous montrer. À l'époque, on y inscrivait beaucoup d’informations : nom, prénom, les parents et l'ethnie. Sur ma carte de baptême, il est clairement écrit 'rwandais' à la place de la nationalité. Demandez même à tous ceux qui ont été baptisés à cette époque, ils vous diront. Nous sommes donc des rwandais et arrêtez de chercher à changer le nom de votre tribu. Nous sommes des Rwandais», a-t-il insisté à ses frères.
Cette sortie du silence de l'ancien évêque du diocèse d'Uvira après plusieurs années, placé dès lors au repos par le Vatican depuis l'éclatement de la guerre d'agression de la RDC en 1996 pour son implication présumée, vient ré-qualifier le récit d'un conflit sanglant entre celui qui veut conquérir la terre et celui qui veut la conserver. Et beaucoup d'autres analystes de se demander pourquoi ce changement de narratif pour ce prelat catholique qui a longtemps tout manigancé pour la survie de ce peuple dans les régions du Kivu par voie de violence pour se faire accepter.