Le Conseil des droits de l’homme approuve l’ouverture d’une enquête dans l’Est de la RDC

samedi 8 février 2025
Par Joseph Apolo Msambya
Sur demande de Kinshasa appuyé par près de trente pays dont la Belgique et la France, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a donné son feu vert, au cours d'une réunion tenue ce vendredi 7 février à Genève, à l’ouverture d’une enquête sur les exactions commises à l’Est de la République démocratique du Congo, en proie à une offensive éclair du groupe armé M23 et des troupes rwandaises.
« Aujourd’hui, le monde tient à ce que la situation dans l’Est de la RDC puisse se rétablir rapidement. C’est aussi le signe que le monde veut que les bourreaux puissent être connus et punis », a réagi le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, auprès des journalistes à Genève. « C’est le signe de la solidarité mondiale à nos populations, qui actuellement vivent sous occupation rwandaise », a-t-il ajouté.
Malgré les répliques du Rwanda à travers son représentant permanent auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, James Ngango, qui essayait de démontrer qu'il y avait des indices sérieux concernant une attaque de grande envergure planifiée contre le Rwanda à partir de l'Est de la RDC, ses arguments n’ont pas été entendus. Ce qui a facilité l'adoption sans vote du projet de résolution qui a été présenté par la RDC. Tous les 47 États membres du Conseil des droits de l'homme ont adopté sans faille le projet de résolution présenté par la RDC, ce qui est une victoire diplomatique pour ce pays agressé.
« Si rien n’est fait, le pire est peut-être encore à venir pour les habitants de l’Est, mais aussi au-delà de la RDC », avait alerté le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, affirmant que le risque d’escalade de la violence dans la région 'n’a jamais été aussi élevé'.
« Le viol collectif de femmes à la prison de Goma le 27 janvier, s’il devait être confirmé, est susceptible de constituer un crime de guerre ; tout comme la mort de trois casques bleus de la Monusco, qui doit pouvoir exercer sa mission de protection des civils. Ces crimes ne doivent pas rester impunis », a déclaré le représentant permanent de la France auprès de l’Office des Nations unies à Genève, Jérôme Bonnafont. La Chine a condamné, elle aussi, « les attaques contre les civils et les soldats de la paix », a indiqué son représentant, Chen Xu.
La résolution demande au M23 et au Rwanda « de mettre immédiatement fin aux violations des droits de l’homme et aux atteintes à ces droits ainsi qu’aux violations du droit international humanitaire dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu ».
L’enquête sera menée en deux temps. « Une mission d’établissement des faits » doit rapidement être montée par Volker Türk. Elle devra présenter un rapport complet dès septembre. Ces experts devront notamment « recueillir, rassembler et analyser les preuves » des violations et « identifier, dans la mesure du possible, les personnes et les entités responsables », explique la résolution. Une « commission d’enquête indépendante », le plus haut niveau d’enquête du Conseil, prendra ensuite le relais.
L'on dénombre actuellement plus de 3.000 morts à Goma comme bilan provisoire.