En RDC, Félix Tshisekedi promet une riposte vigoureuse contre les M23 et accuse la communauté internationale
jeudi 30 janvier 2025
Par Joseph Apolo Msambya
Son discours était très attendu juste après la chute de la ville de Goma, mégalopole de plus d'un million d'habitants, aux mains des rebelles du M23 appuyés par l'armée rwandaise et c'est finalement cet hier 29 janvier que le Président congolais Félix Tshisekedi s'est adressé à la nation à travers une vidéo retransmise à la télévision nationale congolaise (RTNC). Alors que les rebelles du M23, appuyés par des forces rwandaises, effectuent une avancée fulgurante, le chef de l’Etat a jugé que les violences risquent de conduire « tout droit à une escalade » dans la région des Grands-Lacs.
Il s'est adressé à la nation après avoir effectué peu dans l'avant-midi un déplacement à Luanda auprès de son homologue angolais Joâo Lourenço, médiateur de la crise et après avoir annulé une réunion de crise avec le président rwandais, Paul Kagame, à l'initiative du Président Kenyan William Ruto et président en exercice de la Communauté des Etas de l'Afrique de l'Est (EAC). « Une riposte vigoureuse et coordonnée contre ces terroristes et leurs parrains est en cours », a affirmé Félix Tshisekedi. « L’Est de notre pays, en particulier les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri, fait face à une aggravation sans précédent de la situation sécuritaire », a-t-il ajouté. Selon lui, les violences risquent de conduire « tout droit à une escalade » dans la région des Grands-Lacs.
Les combattants du M23 et leurs alliés rwandais sont entrés dans Goma dimanche soir. La ville, coincée entre le lac Kivu et la frontière avec le Rwanda, était déjà encerclée depuis plusieurs jours. Mais après des jours de combats intenses, le calme est revenu ce mercredi, permettant ainsi aux habitants qui sont restés terrés chez eux, de sortir un peu. Dans les rues, beaucoup de corps gisent au sol, ont constaté des journalistes et des habitants. Des cartouches sur la chaussée témoignent de l’intensité de l’affrontement. L'eau, l'électricité et l'Internet sont toujours coupés mais les rebelles ont ordonné la reprise du travail par les services d'immigration au niveau de la frontière avec le Rwanda dite 'Grande barrière '. Certains habitants en ont profité pour traverser la frontière pour se réfugier au Rwanda et d'autres pouvaient poursuivre leur chemin jusqu'à Bukavu en entrant par le poste frontalier de Kamembe.
L’escalade provoquée par le M23 et les forces armées rwandaises n'a pas laissé indifférente la communauté internationale qui s'est limitée, malheureusement, à des simples déclarations de condamnations et des appels à cesser les combats sans la moindre sanction. L’ONU, les Etats-Unis, la Chine, l’Union européenne, l'Afrique du Sud et l’Angola ont notamment demandé à Kigali de retirer ses troupes. Le président de la RDC a néanmoins pointé du doigt, mercredi soir, la communauté internationale. « Votre silence et votre inaction face à la barbarie du régime de Kigali (…) constituent un affront » à la RDC, a-t-il lancé. Le président congolais a tout de même condamné les attaques contre certaines missions diplomatiques accréditées à Kinshasa par les manifestants en colère contre l'intensification de la guerre à l'Est. « Je condamne avec la plus grande fermeté les actes de vandalisme et de pillage qui ont visé certaines missions diplomatiques accréditées en République démocratique du Congo », a-t-il déclaré.